Constant Griffin

MARYLIN – J’ai trouvé, c’est écrit là. Constant Ier. Né en 320, il partage l’empire romain avec ses frères Constantin II et Constance II et s’arroge la partie centrale de l’occident.
CONSTANT – Ça veut dire quoi s’arroge ?
MARYLIN – Prend peut-être ? On demandera à ton père après, écoute la suite.
CONSTANT – D’accord.
MARYLIN – En 340 il affronte et tue Constantin II, prenant ainsi le contrôle de tout l’Occident. Constant est renversé et assassiné en 350 à la suite de la rébellion du général Magnence.
CONSTANT – Ça fait quel âge quand il est mort ?
MARYLIN – 350 moins 320. Trente ans.
CONSTANT – C’est pas vieux.
MARYLIN – Non c’est clair.

Je mets un marque page dans le livre qui détient ces précieuses informations et essaye de décider si c’est chouette de porter le prénom d’un empereur romain qui a tué son frère avant de mourir assassiné à trente ans. Faudrait lire toutes les petites lignes, on le fera après.

CONSTANT – Est-ce que c’est la classe alors de s’appeler Constant ?
MARYLIN – On saura quand on aura tout lu. Pour le moment je dirais que c’est plus la classe que de s’appeler Marylin mais moins la classe qu’Amadeus.
CONSTANT – C’est la classe Marylin.
MARYLIN – Oui mais moins que Constant.

En prononçant ces mots je lui touche le bout du nez de l’index. Ça le fait loucher et ça me fait rire.

J’adore Constant. On pense pareil lui et moi. La même chose, au même moment. On se complète nos phrases et on ne s’ennuie jamais quand on est ensemble.

En plus il est intelligent, terriblement intelligent. Quand on sera vieux, je suis sûre que les enfants du bunker diront que c’est la classe de s’appeler Constant. Pas comme Constant Ier non mais comme Constant Griffin. Il réfléchit vite et son cerveau est rapide. Il comprend tout plus vite que tout le monde en classe et quelles que soient les matières qu’enseigne Adèle. Il est aussi très créatif.

Constant, c’est ce qu’on appelle un génie, un vrai.

MARYLIN – Constant premier ? À quel moment on arrête d’être un enfant pour devenir un adulte ?
CONSTANT – Adulte c’est quand tu as dix-huit ans. La seconde d’avant tu es encore un enfant Monroe.

J’éclate de rire parce que le second degré de Constant me fait toujours marrer. Pourtant ça ne répond pas du tout à ma question.

MARYLIN – Tu oublies la période sombre qu’est l’adolescence. Non mais sérieusement, tu crois qu’il faut remplir plein de critères pour devenir adulte ? ou qu’il y en a un qui prédomine sur les autres ? Il faut avoir un travail ? Il faut avoir fait l’amour ? Il faut avoir la responsabilité de quelqu’un ?

Constant repose son bouquin et me regarde avec un air malicieux. Le sujet l’intéresse je le sais. Il n’en faut pas moins pour lui faire lâcher ses bouquins.

CONSTANT – Faire l’amour, un joli cap. Mais est-ce que c’est ça qui rend adulte ? D’ailleurs c’est quoi être adulte ?
MARYLIN – Et c’est quoi faire l’amour ?
CONSTANT – Tu préfères que je t’explique avec des petits dessins mignons ou tu préfères la version détaillée en quatre chapitres des livres de sciences que bouquine Loki ?
MARYLIN – Je préfère que tu me montres bien sûr.
CONSTANT – Ok.

Son regard est bourré de malice mais pourtant il me renverse avec une telle vivacité que j’ai le doute pendant une demi-seconde. Mon corps se braque et le repousse.

CONSTANT – Je sais bien que je suis trop jeune pour toi Monroe Suarez.
MARYLIN – D’au moins dix ans Premier Griffin.

Il sourit et me dépose un baiser sur le front. J’en ai le cœur qui explose. Constant c’est vraiment mon double, mon jumeau, mon âme… Je ne veux pas faire l’amour avec lui. Ça serait trop bizarre, trop intense. J’ai déjà du mal à me décoller de lui, je peux même pas imaginer nos corps fusionner ainsi.

CONSTANT – Faust.
MARYLIN – Comment tu sais ?
CONSTANT – Je le sais c’est tout.

Alors là je suis bluffée. Faust n’a pas les encore les dix ans de plus réglementaires pour que je tombe vraiment amoureuse de lui, il lui en manque encore six. Mais je suis encore trop jeune pour que les vrais adultes comme Gustav, Sigmund ou Abraham me regardent. Faust c’est le compromis parfait. C’est avec lui que j’aimerais vivre ma première fois.

Je n’en ai jamais parlé à personne. Constant est incroyable.

MARYLIN – Et toi c’est qui ?
CONSTANT – C’est évident pourtant.

Ah bon ? Si j’en crois son espèce de fascination pour la façon dont fonctionne mon clan je dirais bien Megan ou Phoebe mais sans grande conviction. Si c’est si évident que ça, je vais peut-être y réfléchir à deux fois avant de dire une bêtise.