Marc Dennis [Odyssée puis La Horde] [Camille]

||||||| 2 mars 2135 : papa trop loin

-On fait l’histoire des trois ours, papa, allez, s’teuplé !
-Tu es sûre mon coeur ? On l’a déjà lue hier… et avant-hier aussi.
-Je sais, mais je l’aime bien.
-Bon. D’accord.

Je me blottis entre les bras de mon papa. J’adore quand il me lit des histoires le soir, même si je commence à être un peu grande pour ça. Il les lit moins bien que Sven, mais au moins, c’est du temps qu’il ne passe qu’avec moi.

-Il était une fois…

On toque à la porte du dortoir. Qui ça peut bien être, à cette heure ? C'est nul d'interrompre l'histoire.

-Entrez ?

La vilaine tête de Cassius passe par la porte. Mais qu’est-ce qu’il veut encore ? Il fait vraiment rien qu’à nous embêter, lui.

-Mais qu’est-ce qu’il y a Cassius ? Tu vois bien que je suis occupé là…
-Marc, tu vas me suivre. Tout de suite.

J’aime pas du tout la voix qu’il a, le shérif. Mon papa veut répondre quelque chose, mais derrière Cassius apparaît Megan, son adjointe, et je vois même Frida, une médiatrice… Ca fait vraiment beaucoup de monde…

-Papa, qu’est-ce qui se passe ? demandé-je d’une voix blanche.
-Je ne sais pas ma puce. On va aller voir ça.
-Allez, bouge-toi Marc. On n’a pas la nuit.

Je lance un regard noir à Cassius. Papa me fait un bisou sur les cheveux avant de se lever. Il me dépose délicatement sur le lit.

-Ca va aller mon chat. Ne t’inquiète pas.

Je sens une grosse boule monter dans ma gorge. Papa suit Cassius et Megan et Frida vient me voir. Elle s’accroupit devant le lit. Je commence à sangloter doucement J’ai pas très envie d’entendre ce qu’elle a à me dire mais j'ai besoin de savoir.

-Pour… pourquoi vous me prenez mon Papa ?

Frida soupire et essuie une larme sur ma joue.

-Il est possible que ton Papa ait fait une grosse bêtise. On doit discuter avec lui pour tirer ça au clair. Tu viens avec moi ? Je vais t’emmener auprès de ta Maman. Elle est dans la salle polyvalente avec ton frère Stephan.

J’attrape mon doudou et je hoche la tête. Je glisse ma main dans la grande main de Frida.
Papa...

||||||| 8 juillet 2132 : 7 ans

« Joyeux anniversaire fiston ! »
Yiaaaa ! Je saute dans les bras de mon père et l’embrasse. C’est le premier à me le souhaiter avant que je parte en classe et j’suis trop content. Après la catastrophe du dernier anniversaire d’Amadeus, j’avais peur qu’il ai zappé.
Faut dire que mon frère il a des réactions vraiment super bizarres. À peine mon père était arrivé à sa fête qu’il s’était levé sur sa chaise et l’avait pointé du doigt en hurlant :

« BARRE TOI ON VEUT PAS DE TOI ICI SALE ABUSEUR !»

Après, ça a été le chaos dans la pièce. Ma mère m’a embarqué sans même que j’ai réussi à chopper un bout de gâteau et je crois que mon frère s’est pris une sacrée raclée.
Quand je suis revenu le soir, j’ai apris qu’on ne fêterait plus son anniversaire jusqu’à nouvel ordre, du coup j’ai eu peur que ça soit pareil pour moi !
Mais non, papa me tends un petit paquet que je déchiquète pour découvrir ce qu’il cache.
- « WOUAH ! UN… un… euh, c’est quoi ? »
Je tourne le bidulle dans tous les sens alors que mon père me le reprend en souriant pour m’expliquer.
- « C’est un électromètre Elvis. Un appareil de mesure scientifique qui permet la mise en évidence de la charge électrique d'un corps. Je vais te montrer comment on s’en sert… »
TROP-COOL !
Je sens que Lemmy va sur-kiffer mon cadeau !!!

||||||| Engueulade

-Mais Marc, t’es vraiment qu’un sombre connard !
-Ah, ça te va bien de dire ça, la balance ! Si t’étais pas allée cafarder à Cassius pour Lena, on n’en serait pas là, ni toi, ni moi ! Ni ce gosse, d’ailleurs !
-Comment tu voulais que je garde un truc aussi énorme pour moi ? Je t’ai couvert toutes ces années, mais j’en pouvais plus !

J’entends les voix de Theresa et Marc en train de se disputer. Vu le niveau sonore, c’est plus que sérieux. Ils sont bien à l’écart du camp, mais je les ai entendus en allant chercher de l’eau au ruisseau.

-T’es qu’un sale type, je sais même pas comment j’ai pu tomber amoureuse de toi !
-Bah faut croire que t’étais trop conne. Trop conne même pour te défendre quand j’ai planqué la fiole dans tes affaires. Ah mais si tu avais vu ta tête les heures d’après ! Il parait que Cassius t’a passé un bon petit savon en attendant d’avoir des preuves irréfutables ? J’aurais payé cher pour voir ça !
-Merde j’en étais sûre que c’était toi, salopard !

J’entraperçois Theresa qui lève la main pour frapper mon oncle et celui-ci qui saisit son bras sans ménagement. Ca va dégénérer. Mes réflexes de médiatrice reprennent le dessus. Je quitte le sentier que je suivais et en faisant du bruit, je rejoins la clairière où ils se trouvent. Lorsque j’apparais, ils se figent. Nous échangeons des regards lourds. Sans doute se demandent-ils ce que j’ai entendu. Suffisamment pour comprendre que Marc est un sale con et que Theresa, si elle n’est peut-être pas toute blanche, a été manipulée par ce type. J’ai pas les détails. Pas besoin.

-Ca va par là ?

C’est finalement Theresa qui rompt le silence.

-Oui… j’allais rentrer au campe de toutes façons. A plus tard.

Je reste figée le temps que la mère de Tristan s’éloigne, gardant un oeil sur Marc, tendue à l’extrême. S’il bouge, je le défonce.

Lorsqu’elle est suffisamment loin, je me détourne enfin pour retourner à ma tâche, tous sens en alerte, et j’entends Marc qui tente de minimiser :

-Ah, tu sais pas ce que c’est, les engueulades de couple, Frida… souvent on a des mots qui dépassent notre pensée…

Je ne me retourne même pas. Connard.

||||||| 5 mars 2135 : Papa

- « M’man, quand est-ce que papa va revenir ? »
Ma mère me sourit tristement en secouant la tête.
- « Tu sais bien ce qu’il a fait Elvis. Ton père est en isolement et ensuite il partira avec Odyssée dehors. Il ne… vivra plus avec nous. »
Amadeus chuchotte quelque chose. Je crois qu’il a dit ‘bon débarras’ mais j’ai surement dû mal entendre.
- « Mais j’aimerais bien lui parler quand même. »
C’est vrai ça. Moi j’aimerais bien qu’il m’explique ce qu’il s’est passé. S’il a vraiment fait mal à Lena et pourquoi. J’arrive pas à le croire tout ce qu’on dit sur lui et je veux l’entendre de sa bouche. Et Eleanor est d’accord avec moi. Quand Cassius est venu chercher notre père il était avec elle, en train de lui lire une histoire, ils l’ont emmené comme ça, pouf ! Super le traumatisme, ce matin elle arrêtait pas de pleurer encore… On a bien essayé de voir si on pouvait aller lui glisser un mot sous la porte de sa cellule mais non, pas moyen, la zone est inaccessible.
- « Il est en isolement mon chéri. Personne ne peut lui parler. Tu dois te faire une raison… »
Je serre les dents et les poings. Ça veut dire quoi se faire une raison ? Fais chier.

||||||| 1er mai 2135 : Le départ

Quinze ans. Une fois et demi mon âge. Quand je quitte maman pour m’approcher de papa pour le serrer dans mes bras, j’ai bien l’impression que je ne le reverrais jamais. Personne n’est revenu de l’expédition Hope, personne n’était derrière la porte. J’ai envie de lui poser toutes mes questions d’un coup parce qu’après ce sera trop tard, mais je n’y arrive pas. J’ai une boule dans la gorge et c’est la première fois que ça me fait ça.
Eleanor arrive en courant et se jette à son cou en pleurant. Il nous serre alors fort, fort contre lui.
- « Papa… »
- « Ne pleure pas ma puce. » Il nous sourit. « Je compte sur vous mes enfants. Continuez de me rendre fier. »
Je ne pleure pas mais mes yeux me piquent quand même vachement quand il se recule pour nous regarder tous les deux. J’aimerais tellement lui demander pourquoi. Est-ce que c’est vrai que c’est un homme mauvais ? Comme s’il lisait dans mon regard il murmure alors.
- « Ne croyez pas tout ce qu’on vous a dit. Les gens mentent sans cesse surtout si ça les arrangent, alors serrez vous les coudes et rester forts, d’accord ?
- MARC, c’est l’heure ! »
Non, pas déjà. Mais mon père se relève et pose une main sur mes cheveux.
- « Prends soin de ta sœur. »
Je ravale mes larmes et hoche vigoureusement la tête en serrant la main d’Eleanor.
Promis papa.

Un bruit sourd. Puis les grincements du système hydraulique qui résonnent. La luminosité du dehors nous pique toujours les yeux mais je regarde quand même les silhouettes d’Odyssée qui s’éloigne, la porte qui se referme petit à petit…
« Je prend la relève. »
Stephan me sourit doucement et prend la main d’Eleanor qui va se blottir contre son grand-frère, collant son nez dans son cou. Moi je cherche Lemmy du regard. Là tout de suite j’ai besoin de mon pote. Sauf que Stephan s’écrit soudain :
« Maman ! NON ! »
Tout le monde se retourne en panique, le temps d’apercevoir Theresa qui tire Tristan par la main à toute vitesse et tous les deux se glissent par la porte au moment où celle-ci se referme.

Cassius se met alors à hurler en se jetant sur la porte de toutes ses forces. Je sens mes jambes qui redeviennent toutes molles.
- « Viens, on se tire de là. »
Lemmy m’attrape par la main et je le laisse m’entrainer dans notre planquette.

Jej a écrit:qqn m'explique comment Marc s'en sort après 15 coups de pierre dans le crane appliqués par Lena ?

Lorène a écrit:Tu veux redonner une nouvelle photo de trombi c'est ça ?

Koub a écrit:

Jej a écrit:qqn m'explique comment Marc s'en sort après 15 coups de pierre dans le crane appliqués par Lena ?

Le "en fait je ne sais plus et je m’en fous !" me semble bien justifier qu'elle a perdu le compte.

lena a écrit:Je fracasse la tête de Marc avec ma pierre et je le frappe une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois… quinze fois, en fait je ne sais plus et je m’en fous !

- « C’est très grave comme accusation. Pourquoi Lena aurait-elle inventé une chose pareille ? »
Je n’en pouvais plus. Après une nuit blanche, je suis allée voir Cassius qui a bien voulu me parler entre deux rendez-vous. Pourtant ça devrait être la priorité absolue cette affaire. Ou bien c’est classé et on oublie ? Pas sur que Lena soit de cet avis.
- « Adèle, nous avons fait tout ce qu’il y avait à faire. Interrogatoires, recoupements des évènements. Les faits sont là. Lena est une jeune fille en manque de reconnaissance qui a désiré se faire remarquer. Elle n’a pas voulu se soumettre aux examens médicaux et sa version a changé plusieurs fois, contrairement à Marc. Tout est dit. »
Je fais la moue.
- « Oui et bien je suis allée le voir Marc et ce type derrière son sourire charmant est plus que louche ! »
Ma remarque a semblé faire mouche, mais je vois les sourcils de Cassius se resserrer.
- « Écoute, il me semble encore qu’ici tu es institutrice et que c’est à la Justice d’enquêter. Hors l’affaire a déjà été close. »
Je reste interloquée. En gros, il me demande de retourner gentiment m’amuser à mes cours. Je vois.
- « Très bien. Mais à mon avis il y aura des suites et vous vous en mordrez les doigts. »