Martin IMOSHI

MARTIN – Je vous l’avais dit ! Je le savais !

Martin a les larmes aux yeux quand nous apercevons cette immense étendue d’eau qu’il soupçonne être le lac Baikal, le principal repère de nos cartes si peu précises. Avec cet objectif en vue, les derniers kilomètres se font moins pénibles. Même si l’eau du lac promet d’être froide, au moins c’est une belle réserve d’eau douce qui va nous permettre de rincer nos affaires et de recharger nos bidons. Et puis autour d’un lac comme ça on va sûrement trouver de la vie et pourquoi pas, un village !

Quelques sourires réapparaissent sur les visages. Voilà longtemps que nous n’avons pas eu de bonne nouvelle à fêter. Depuis notre rencontre avec la Division rouge nous n’avons croisé que des villages en ruines ou des groupes hostiles.

[...]

MARTIN – Je le savais…

Les larmes de joie dans les yeux de Martin se transforment peu à peu en larmes de tristesse et notre guide ploie le genou, ébranlé. Merde c’est sa plus belle victoire depuis qu’on est partis, il ne peut pas fondre en larmes comme si même ça n’avait pas d’importance !

LUTHER – T’es un chef Martin, bien joué.

Je lui frotte le dos mais ça ne lui fait aucun effet et il continue de pleurer à chaudes larmes.

||||||| 13 mars 2132 : le traître
LEONARDO – Que tu veuilles te rendre intéressante Lena, je veux bien mais pas comme ça, c’est dégueulasse ce que tu as fait !
Leo vient de me tomber dessus sans prévenir et sa sortie me rend furieuse.
LENA- C’est ce que MOI j’ai fait qui est dégueulasse ? Alors on qualifie comment ce qu’à fait ton connard d’oncle ?
LEONARDO – Arrête tes affabulations Lena, on sait que c’est tous que tu as inventé ça !
LENA- Va te faire foutre Leo ! T’es comme eux en fait, incapable d’ouvrir les yeux tu me dégoûte !
J’ai envie de pleurer, de hurler, mais je ne lui ferais pas ce plaisir. S’il veut continuer d’être le parfait mouton à la solde des adultes, grand bien lui fasse… Lorsque j’arrive en classe, je sens tous les regards se poser sur moi. Je me sens sale. Sale à cause de Marc, sale à cause de tous ces connards qui me jugent sans savoir.
CHAD – Alors, Lena, tu t’es encore distingué ? Tu sais, il y a des moyens moins merdiques pour faire ton intéressante.
J’ai envie de le cogner surtout que les trois quarts de la classe ricane bêtement. Corben n’est pas encore arrivé mais si ça se trouve, lui non plus ne me croira pas.
MARTIN – Laisse la tranquille Chad !
Je regarde Martin un peu interloqué.
MARTIN – Laisse les dire Lena, ils vivent dans leur monde idéal. Il ne comprenne pas ce que les adultes peuvent faire.
MEGAN – Il a raison Lena, laisse courir. Tu arrives quand même à t’en remettre ?
Que Martin me soutienne était inattendu mais Megan ? Je me retiens de lui envoyer à la figure que je ne suis pas prête de m’en remettre, que je vérifie à chaque angle du bunker que Marc ne se trouve pas dans le couloir suivant, que je n’ai plus aucun doute sur le fait que ce bunker est pourri et que rien que l’idée de passer encore au moins trois ici me donne envie de vomir. Ma mère ne me croit pas, ce qui ne m’étonne pas mais même Adele m’a traité de menteuse. Quand je pense que je lui faisais confiance ! Sans compter Lily-Ann, la psy et son discours mi- « ce n’est pas bien de mentir » mi « je comprends que tu ais besoin de t’affirmer ». Psy de mes deux, oui ! C’est pas son boulot, à elle, de savoir que je dis la vérité ?
LENA – Je fais ce que je peux.
MEGAN – si tu as besoin, n’hésite pas, hein.
LENA – Ouais, merci.
Je vois Corben Arriver et je me détourne de Megan et Martin pour le rejoindre. J’ai pas besoin d’une baby-sitter non plus. Par contre, j’ai besoin de savoir ce que lui en pense.
CORBEN – ça va ?
LENA – j’ai connu mieux.
CORBEN – Je suis désolé pour toi. Tu vois pourquoi j’ai jamais rien dit pour mon connard d’oncle ? Ils ne m’auraient jamais cru et il aurait juste tapé plus fort. Mais un jour, on les enverra tous chier !
LENA – le plus tôt sera le mieux ! J’en peux plus de voir tous ces débiles qui préfèrent nier la réalité pour ne pas qu’elle leur saute à la gueule.
ADELE – Bonjour à tous. Asseyez-vous en silence, et sortez vos cahiers. Nous allons commencer par des mathématiques.
Jusqu’à hier matin, cela aurait été le meilleur moment de ma journée mais là, tout de suite, j’ai juste envie de rien et de me barrer.

||||||| 22 seprembre 2130 : veillée
CORBEN – Dis Martin, pourquoi papa et Maman ils nous ont abandonné ?
Nous sommes tous les deux allongés dans notre lit et chuchotons. Notre oncle est on ne sait où et c’est tant mieux.
MARTIN – Ils ne nous ont pas abandonné Corben, ils sont allés trouver un meilleurs avenir pour nous, hors du bunker.
CORBEN – et loin de l’Oncle Ganelon ?
MARTIN – Tu sais, il n’était pas comme ça Ganelon quand Papa et Maman était là. Sinon, ils ne nous auraient jamais laissé avec lui.
CORBEN – Dis Martin, Je sais que j’étais bébé mais il a eu quoi François quand il est mort ?
François, c’était mon grand frère. Il est mort quand j’avais un an. Je sais que Martin l’aimait beaucoup.
MARTIN – Il est tombé et s’est cassé le crâne.
CORBEN – il est tombé pour de vrai ou c’est l’oncle Ganelon qui l’a tombé ?
Contre toute attente, j’entends des sanglots dans la couchette au-dessus de la mienne.
MARTIN – Je suis tellement désolé Corben. De ne pas être capable de te défendre mieux que ça. De ne pas avoir su protéger François. Mais il est trop fort pour moi.
J’allais lui répondre quand nous avons entendu la voix de notre oncle dans le couloir. Il valait mieux pour moi que je fasse semblant de dormir. Martin, lui, il ne craint rien. Ganelon le menace tout le temps mais au final, c’est toujours sur moi qu’il passe à l’acte. Je sais que ce qu’il veut c’est qu’on le craigne et si j’adore Martin, c’est une mauviette, pas la peine de lui taper dessus pour être craint.

Pour mes quinze ans, j’ai décidé de franchir un nouveau grand cap dans ma vie. J’ai pris la décision il y a plusieurs mois et j’ai parfaitement préparé ce moment. Ça doit se passer aujourd’hui. Un adolescent peut intégrer un département quand il veut entre ses quatorze et ses seize ans. Même si je sais ce que je veux faire depuis longtemps, quinze ans ça me semble un âge parfait pour entrer dans la vie active. En tous cas c’est pile l’âge qu’avait Martin quand il est entré au département de la Culture.